Ec(h)o op. 88

« Ec(h)o » est une fresque chorale à la fois composée et arrangée, qui m’a été commandée par le Chœur Saint-Michel de Fribourg (FR, CH). Ecrite pendant le montage final de la Fête des Vignerons de Vevey, la composition se focalise sur une spatialisation du matériel mélodique et harmonique par l’usage de tempi différents, échos, tenues qui, selon les qualités, servent au mieux une nouvelle écoute d’un répertoire populaire constitué de quinze chants de ma sélection étant reliés aux paysages alpins ou jurassiens. Dans certains passages, un chœur principal à l’avant entame un dialogue avec deux chœurs plus petits à l’arrière (ou répartis dans des chapelles latérales si l’interprétation devait être dans un grand édifice comme une cathédrale) et font circuler la musique en alternant des mouvements de phrases communes de type verticales et des phrases libres de tout tempo, à l’instar du concept de l’ « Immortal Bach » de Nystedt ou de ma propre pièce « O nox » où une simple phrase répétée en boucle ad libitum donne naissance à un carcan harmonique défini par les notes plus lentes. Au centre se tient un percussionniste professionnel jouant un vibraphone, dans un soucis de donner le ton tout en instituant un fil rouge par des transitions cadentielles. Par-dessus ce tapis choral, à des endroits bien précis, se glisse une récente découverte qui m’a fortement marqué : la pratique toujours active d’un jodel trouvant ses origines au Moyen Âge ( à l’inverse du jodel Appenzellois qui a profondément hérité des harmonies du XIXème siècle) : la Naturjuuz du Muothatal, vallée du canton de Schwytz un peu isolée où cet art vocal a traversé les siècles par les pratiques familiales régulières. A l’instar du contrepoint improvisé médiévo-renaissant (par exemple aujourd’hui « Le Chant sur le Livre »), les groupes de Natuurjuuz sont capables d’improviser sur des harmonies données et des ornements qui leur sont propres, ainsi par mes choix de « fixations » harmoniques où d’un seul coup le matériel du chant populaire se fige, une place est alors donnée pour un autre dialogue, celui de cette Juuz venu du fond des âges avec les chants populaires beaucoup plus proches de notre époque contemporaine.
La création eut lieu le 17 août 2019 en la St. Martin Kirche d’Altdorf (UR, CH), dans le cadre de l’Alpentöne 2019, et fut reprise durant le Murten Classics le 25 août suivant.