Insula op. 106
- Flûte (jouant également le piccolo et la flûte alto (sol))
- Clarinette en sib (jouant également la clarinette basse en sib)
- Percussions (Instrumentarium par ordre d’apparition : marimba 5 octaves, crotales 2 octaves, vibraphone et chaînes métalliques)
- Violon
- Violoncelle
- Piano (à queue obligatoire pour que les mains aient un accès direct aux cordes)
La solitude. Un mot aujourd’hui qui, au-delà de l’angoisse connue de toutes et tous qu’il traîne avec lui, devient celui que l’on nomme pour parler d’intériorisation, de réflexion, de processus, de concensus, de regard changeant, de chemin. Notre monde subit, il est vrai, une profonde mutation : la pandémie de SARS-CoV-2 de 2019-2022 a laissé derrière elle nombre de victimes, non seulement sur le plan médical, mais également sur le plan socio-psychologique : beaucoup de pré-adolescent(e)s sont parti(e)s en dépression suite aux restrictions sanitaires ; le bouleversement climatique commence à montrer des premiers signes marquant le début d’un tournant ; jamais la situation géopolitique mondiale n’aura été si tendue depuis la fin de la Deuxième Guerre.
La présente pièce, « Insula » (racine latine du mot qui deviendra « isolement », puis « île »), tire son nom et son inspiration d’une intense réflexion sur la notion de solitude. On l’adore tout en la détestant, on la poursuit tout en la fuyant. Nécessaire par de nombreux aspects à notre vie et survie, elle définit ce que l’individu doit à la communauté : un regard posé, bienveillant, ne cherchant nullement à réprimander ni à idéaliser, une forme de sagesse.
Du point de vue musical, la pièce comporte trois vagues illustrant un aspect foisonnant tout en amenant une note « uni que » (do# pour la première, sol# pour la deuxième et si pour la troisième) sur lesquelles le discours s’attarde quelque peu. Il s’agit ici également d’un hommage indirect au langage de Giacinto Scelsi, génial compositeur italien qui écrivit une série de pièces sur une seule note. D’autres parties, comme celles des chaînes métalliques jouées au sol, représentent différents traits de caractère propres au vécu solitaire. Comme beaucoup de mes pièces depuis « Quercus » en 2018, la structure générale repose sur une mélodie dont l’harmonisation des notes suit le principe d’ « un accord pour une note ». Cette mélodie n’est citée qu’en dernier lieu, juste avant la dernière vague.
La foison pour marquer l’unique, la foule, une pandémie mondiale, un changement global pour que tout un chacun puisse s’en démarquer, telle est la recherche émotionnelle forte que j’ai voulu effectuer par le présent ouvrage. Mes remerciements vont à Stéphane Mooser et à l’ensemble Diachronie de Fribourg pour l’opportunité et la commande qui fait partie de la saison 2023-2024.
Année de composition: 2023
Durée (minutes):
10