A shame to be alive op. 66

Cette pièce pour piano solo principal et chœur est basée sur un poème d’Emily Dickinson, « It feels a shame to be alive », écrit en pleine guerre de Sécession. Valentin Villard, ayant cherché pendant longtemps un point de vue personnel et pertinent pour le thème de la « paix », jeta son dévolu sur ce poème pour l’image audacieuse qu’il proposait, en traitant un aspect de la paix rarement évoqué et pourtant indissociable de celle-ci : le syndrome du survivant. Une ambiguïté naît alors entre la force de vie, omniprésente, et la honte de « ne pas avoir su mourir » au champ de bataille. Cette ambiguïté transparaît dans la musique, où le piano déclame un discours sec et implacable, parfois violent, en contraste avec le chœur qui demeure stable, en demi-teinte, soutenant les harmonies du piano, proposant une résonance qui s’étend au-delà des possibilités réverbérantes de ce dernier. Le fil rouge de la pièce se base sur cette paix intérieure qu’il faut d’abord retrouver avant de construire une paix durable commune. Texte et musique sont ainsi intimement liés à cette recherche dont le dénouement dépend du vécu et du parcours de tout un chacun.