Passion op. 40

Pièce composée pour l’obtention du Bachelor of Arts in Music Composition à la Haute Ecole de Musique de Genève en 2008, « Passion » s’inscrit dans l’une de mes nombreuses pièces à caractère religieux. Toutefois, étant donné le sujet principal, il s’agit d’une toute autre approche que celle dont j’avais l’habitude. L’aspect de réjouissance et de louange est intégralement écarté, cédant ainsi la place à une recherche plus profonde, plus sombre, d’avantage maîtrisée. Si la louange est représentée différemment selon les confessions chrétiennes, la Passion du Christ, elle, les réunit pour sa signification. En effet, la notion de sacrifice, d’amour universel, de se donner pleinement à l’autre sont quelques unes des qualités dont recèle la Passion, qualités reconnues par tout le monde chrétien (et le monde en général).
Cette œuvre n’aborde ni l’aspect narratif restant collé à l’action, ni le surplus dramatique que la Passion pourrait inspirer. Mon travail reste centré sur les différents états d’âme soulevés par les nombreux épisodes de la Passion, en restant proche de notre propre ressenti, mon propre ressenti, face à un récit des plus célèbres, mais également mystérieux. Un autre regard sur cette passion (qui par conséquent ne comporte aucune partie vocale), telle est le message de la présente oeuvre. C’est pour moi une autre manière de vivre la religion qui, jusqu’ici, n’a été que louange, réjouissance.
Du point de vue littéraire, je m’inspire de certains épisodes spécifiques de la Passion chez les quatre évangélistes, afin d’avoir un point de vue général sur les états d’âme précités.
Le fait que la percussion soit spatialisée est dû au dialogue instauré entre une « masse » orchestrale, représentant l’accusation du peuple, et la percussion qui témoigne de ces différents états d’âme. Pour la réalisation de ce dialogue, vu la distance de la percussion avec le reste de l’ensemble, des sections spéciales sont écrites spécialement pour la percussion, selon le principe du concerto, pour lesquelles le chef donne le départ et, selon ce que j’avais développé dans le trio à cordes « Pour une voie », laisse les percussionnistes suivre leur tempo. Le dialogue incite également un jeu de passe-passe (lorsque l’ensemble se tait, la percussion joue, et vice versa).