Quatre tableaux valaisans op. 71

Les Quatre tableaux valaisans, constitués dans leur ordre d’écriture de « Notre-Dame de Valère », de « L’inconnue du Rhône », de « Derborence » et d’ « Emerentia », ont été écrits pour un grand projet réunissant trois compositeurs, Eugen Meier, Carl Rütti et moi-même, ainsi que des auteur(e)s germanophones et francophones d’origine valaisanne comme Stéphane Albelda, autour d’un opéra nommé « 13 étoiles » créé pour célébrer le bicentenaire de l’entrée du canton du Valais dans la Confédération Helvétique.
Deux entités vocales emblématiques de jeunesse se sont chargées de l’organisation en co-production : la Singschule de Bring avec l’enthousiasme de Hansruedi Kämpfen et la Schola de Sion menée par la main de fer d’André Gillioz, dont j’avais récemment fait la connaissance à un concert des Vocalistes Romands donnant ma Messe à six voix à l’église des Jésuites de Sion.
Cet opéra devait, en treize tableaux (en référence aux treize étoiles du drapeau valaisan), mettre en scène des personnages mythiques ou réels de l’histoire du Valais. Ces tableaux furent répartis entre compositeurs et auteur(e)s équitablement, avec une préférence pour la francophonie pour ma part, ce qui me permis de travailler en duo avec Stéphane Albelda. Je découvris une personnalité sensible, respectueuse, intelligente, et je me dis que nos deux mondes aux atmosphères post-impressionnistes, travaillant sur des textures en demi-teintes et suggestions, allaient parfaitement s’accorder.
Même si la confrontation entre la phase d’écriture et la dernière affectation au Service Civil pour laquelle j’étais engagée (en Valais, pour le service culturel de la commune de Bagnes, le hasard fait bien les choses…) ont généré quelques moments tendus durant la fin de l’automne 2014, je pus compter sur l’aide de l’un de mes élèves, François Voeffray, pour les gravures et relectures des parties de chœur.
L’orchestration particulière, avec des bois par un, deux trompettes, 2 trombones, percussions, harpe, un quintette de cordes solistes et un accordéon, a été réalisée pendant les mois de mai et juin 2015, juste après la fin de mon Service Civil. Les représentations eurent lieu du 11 au 27 septembre 2015, d’abord à la Centrale de Chandoline de Sion, puis au Centre Culturel de la Poste à Visp (Vièges).
Chaque tableau contient ses propres caractéristiques : Notre-Dame de Valère, traitant de l’emblématique basilique surplombant la ville de Sion, fait directement appel à mes affinités religieuses en superposant, dans le refrain, différentes textures avec des tempi individuels. L’inconnue du Rhône est le plus impressionniste des quatre tableaux, avec des harmonies ambigües et une sensation rythmique flottante. Derborence est quant à lui construit autour de la marche sombre et implacable du départ, inspirée des rocs et des pierres très présentes dans les textes, pour finalement s’en libérer et laisser place à la lumière. Emerentia est le tableau que je considère comme mon premier court opéra : enchaînements de contrastes, interruptions subites, suivi émotionnel direct des personnages… je fus très touché par la découverte de cette histoire que je ne connaissais pas auparavant, ce qui me permis d’avoir un point de vue neutre pour l’aborder avec le seul ressenti du texte de Stéphane.
C’est pendant l’écriture de ces Quatre tableaux valaisans, durant le mois de décembre 2014, que j’ai rencontré pour la première fois la Confrérie des Vignerons pour parler de la Fête 2019 à venir…