Quercus op. 86

« Quercus » m’a été commandée par l’ORPHEUS Swiss Chamber Music Competition à Adelboden (BE) en Suisse. Le Delta Piano Trio, à qui la pièce est dédiée, a été lauréat de l’ORPHEUS competition en 2017, et c’est dans le cadre d’une création lors du concert des lauréats à Adelboden que la composition a été pensée et élaborée.
Lors de l’une de mes nombreuses balades autour de mon domicile, dans les hauts d’Avry-devant-Pont (FR, CH) je me suis soudain senti en parfaite harmonie et même communication avec mon environnement, près d’un endroit surnommé « Le Chêne ». Une magnifique géographie, suivant les doux plateaux vallonnés typiques de la Gruyère, où l’herbe se mettait à dessiner des sillons changeants au gré de l’humeur du vent. Ce tableau, empreint d’un certain sentiment romantique, m’a donné en fait tout le matériel nécessaire à l’élaboration de « Quercus » (nom latin du « Chêne ») : des lignes en canons avec des vitesses différentes, générant un contrepoint complexe (mouvement de l’herbe) avec des accélérations et ralentissements soudains, arborant et glissant le long d’une structure solide et inébranlable (tronc et structure du chêne) représentée par une mélodie et ses accords utilisant la technique d’un accord pour une hauteur définie, audible dans son intégralité dès la mesure 110 aux cordes. Ainsi, la mélodie se fait désirer, attendre, on foisonne autour de ce tronc sans percevoir d’office la totalité de l’arbre, et pourtant le discours ne s’en éloigne jamais, jouant avec le matériau par des gestes et traitements thématiques différents. Si le discours part depuis le sol avec des lignes ascendantes au départ, dans un geste d’élévation, celles-ci referment la boucle à la toute fin de la pièce en se ré-ancrant au sol par un mouvement descendant. Du point de vue formel, la pièce est divisée en quatre parties, avec l’élévation de départ, suivie de la première apparition de la mélodie de manière cisaillée, puis un jeu de vitesses et palettes de couleurs sur le matériau de la troisième partie de la mélodie, aboutissant à une sérénité et à la citation même de la mélodie, suivi d’une forme de coda avec le retour à l’ancrage de la terre.
Je tiens ici encore à exprimer tous mes remerciements à l’ORPHEUS Swiss Chamber Music Competition et Pro Helvetia pour m’avoir donné l’opportunité d’écrire une pièce dans le cadre leur prestigieux festival, et je remercie également le Centre Artistique de Piégon (Drôme, France) de m’avoir accueilli en résidence pendant le processus d’écriture. Je félicite enfin le Delta Piano Trio d’avoir brillamment gagné l’ORPHEUS competition 2017 et qui a de son côté aussi permis l’écriture et l’élaboration de « Quercus ».